C’est assez marrant, cher journal, de constater le nombre phénoménal de traces que l’on peut laisser sur la Toile.
C’est en récupérant près de 5 ans de mails que je me suis rendu compte de la chose de manière assez brutale.
Essayant d’appliquer la méthode GTD, ou tout du moins de commencer à gérer mes boîtes de réception en les dépilant, triant et supprimant ce qu’il convient, je me retrouve à classer de vieux mails dans 50 sous-répertoires différents. Et c’est là que je me rends compte du nombre incroyable de sites sur lesquels je me suis inscrit, y ai laissé quelques infos, puis en suis parti sans jamais y revenir… et sans en avoir supprimé le compte par la même occasion.
Souvent, on se dit que ne pas utiliser revient à supprimer. C’est vrai quand il s’agit de la mémoire ; on oublie, ça s’efface et c’est terminé. Mais le net est autrement plus à même de se rappeler qu’un jour, un mec est passé par là, et que 2 ans après, il s’est inscrit ici, etc. Impossible d’y échapper, et ce n’est pas avec les réseaux sociaux du type Facebook que ça va s’arranger, où le business-model de ces genres de sites est justement de savoir ce que tu as pu faire tout au long de ta vie pour mieux te cibler, et savoir à l’avance quel sera le prochain site où tu iras poser quelques autres miettes de vie privée, revendre le tout à des boîtes de marketing et des régies publicitaires, toutes chargées de t’envoyer la dernière pub pour les pilules relaxantes au ginseng connectable en wifi au portable de ton ex (que tu as retrouvé pour l’occasion, retour de l’être aimé… tout ça…).
Tout cela n’avait que trop duré. Ma vie privée m’appartient, et je compte bien la conserver le plus longtemps possible, jusqu’à ce que Big Brother soit devenu réalité… J’en vois qui rient dans le fond, mais on y arrive ; bien mieux que dans 1984, c’est le citoyen qui se sent obligé de passer aux aveux complets sur sa vie, ses amours, ses achats. Tout y passe. Parfois, il préfère renseigner les profils de ses potes plutôt que le sien ; la délation déguisée sous couvert d’être branché. Tous les messages transmis en SMS, la novlangue créée pour l’occasion.
Alors, je lutte silencieusement. Je me désabonne. Je me désinscris. Je cherche sur d’anciens forums les pages de suppression de compte (chose extrêmement difficile, les forums n’aiment pas quand quelqu’un part, il faut demander l’autorisation à l’administrateur). Je tente de revenir au Web 1.5 quand le 2.3 est déjà là.
Je suis un vieux réac qui vous emmerde, et pour la dernière fois, non, je ne m’inscrirai pas sur Facebook, et je n’utiliserai jamais gmail !