Jour 4 : Orgosolo

Ce matin, on se réveille complètement morts de la balade à Cala Goloritzé, et évidemment, il est trop tard pour partir faire les excursions, donc on se replie sur la visite de la ville d’Orgosolo, célèbre pour ses peintures murales et dont la ville en comporte plus de 400.

Le GPS me fait passer par Oliena, qui n’est pas loin de Nuoro, et je me dis que c’est une bonne occasion de finalement trouver ma ventouse, direction Nuoro donc !

Nuoro

Le chemin passe par de la plaine, ou en tous cas, pas par les collines tortueuses, et c’est beaucoup plus reposant, surtout que Nuoro est bien indiqué. Pendant tout le trajet, on suit un camion qui tousse une fumée noire à chaque fois qu’il fait un effort, et il en fait beaucoup… Cela nous force à utiliser le recyclage de l’air intérieur pendant une bonne partie du trajet…

Arrivée à Nuoro, on se perd, mais c’est normal, la ville passe de très animée à la limite du désertique en quelques rues, c’est très surprenant, et certains quartiers sont perchés à flan de colline avec des routes à 20% que la Fiat a du mal à monter… On se pose, on regarde sur les plans et les guides pour donner une adresse valide au GPS, se contenter de suivre l’indication centro ne sert à rien du tout !

On avise un parking près de ce qui semble être une antenne de police de la ville, et qui n’est pas loin de quelques rues bien animées que l’on vient de traverser. On lutte encore un peu avec la borne à tickets de stationnement mais on arrive à s’en prendre un jusqu’à plus de 15 h, pour une arrivée vers 11h, ça nous va très bien.

On remonte un peu le courant pour revenir vers les rues qui nous semblaient intéressantes, et rapidement, on tombe sur un magasin « Vodaphone », j’imagine qu’ils doivent avoir des accessoires pour téléphone et/ou GPS, et c’est bien le cas, mais pas ceux qui m’intéressent. Le vendeur nous indique un coin où l’on pourrait trouver notre bonheur, mais c’est à l’autre bout de la ville… On décide d’y aller après manger, directement en voiture.

11h30 et la faim gagne, on cherche un coin où manger et là encore, TripAdvisor nous sort une adresse bien sympathique : Montiblú, pas très loin de là où on est déjà et qui n’a que des bonnes notes. On cherche, on tourne et on arrive enfin devant… une boutique de bibelots ! C’est le concept : bibelots un peu design et café au rez-de-chaussée, et restaurant un peu classe à l’étage. Un serveur nous dit que pour l’instant, le resto est fermé et qu’il ouvre à 13h, j’en profite pour lui donner mon nom.

12h et on doit attendre 13h que le restaurant ouvre… Avec 30 minutes de marche jusqu’au magasin que nous a indiqué le commerçant tout à l’heure, on (je surtout) se dit que c’est jouable et nous voilà en route, en plein soleil, à chercher un hypothétique magasin de ventouses de téléphones à l’autre bout de Nuoro.

On passe la gare, le coin est glauque à souhait, quand j’avise un magasin « Eco-store » qui semble avoir un peu de matériel informatique. En fait, il fait surtout dans les cartouches d’encre, et propose un peu de matériel informatique à base de bambou… pourquoi pas ?

On arrive à lui expliquer notre demande et il nous dit qu’il ne fait pas de ventosa, mais que l’on pourra trouver notre bonheur dans le « Neggocio del Trei » si on revient un peu sur nos pas. Ça ou marcher encore 15 minutes, notre (toujours mon…) choix est fait : que l’on trouve ou pas ce neggocio, on rentre au Montiblú après !

Le mec nous avait bien indiqué où aller, et on finit par tomber sur une rue un peu marchande, avec des arbres qui donnent une belle fraîcheur au coin et change radicalement le côté glauque de la gare pourtant toute proche. Un magasin nous dit où trouver ce fameux Trei, et c’est à nouveau la boutique d’un opérateur, Trei Telecom, qui n’a pas, et ne sait pas où on pourrait trouver notre ventouse.

Déçu(s), on retourne sur nos pas, en suivant cette rue plus charmante, et en désespoir de cause, je tente un autre opérateur : « Tim », et si de prime abord, on nous dit que ça ne se fait pas ici, la vendeuse semble se souvenir de quelque chose, ouvre une sorte de placard et en sort une boîte avec… une ventouse pour téléphone portable !!!

Content

Retour tout joyeux au Montiblú où on y arrive pour 13h pile ! On attend un peu que tout s’organise puis on monte s’installer… Mon nom n’a servi à rien, on est trois dans le restaurant, et on se régale : petits apéritifs au pecorino et sardines au citron, pignons de pin, oignons et raisins secs ; un plat de pâtes maison au ragoût de bœuf élevé dans les anciennes prisons sardes pour Corinne, et un plat de petits gnocchi (gnocchitini) aux asperges et au bleu, un délice ! On finit avec un tiramisu très crémeux pour Coco et un seadas pour moi : c’est une sorte de beignet typiquement sarde, fourré au citron et au fromage, et nappé de miel, ça m’a fait penser au knafeh libanais pour le sucre/miel et le fromage, et tout était délicieux.

On reprend la voiture vers 14h45, on a bien mangé, j’installe ma ventouse et c’est parti pour…

Orgosolo

La ville en soi n’est pas très belle, et tout son charme provient vraiment des fresques murales. Beaucoup des maisons paraissent abandonnées ou construites à la va-vite… Lorsque l’on arrive depuis Nuoro, une pierre a été peinte pour faire penser à un visage, c’est un bon moyen de se mettre dans l’ambiance.

On commence par suivre les indications du centro, mais là aussi, ça ne mène à rien et on rentre le nom de la rue où toutes les fresques sont supposées se trouver d’après le routard : corso republica. Quand le GPS nous dit qu’il reste moins de 500 m pour atteindre la rue choisie, je me gare à l’ombre et on fait le reste à pied.

Ça monte, et ça monte d’autant plus que nos jambes ne se sont toujours pas remises de Cala Goloritzé. En chemin, on croise déjà plusieurs fresques un peu défraîchies, la tradition voulant qu’elles restent en l’état, sans jamais être restaurées après qu’elles aient été peintes, ça donne un cachet particulier.

La corso republica atteinte, on y trouve tout un tas de peintures, généralement politique : Révolution française

Ce n’est pas que cela pourtant, des fois, c’est la représentation de scènes de la vie des bergers du coin : Berger du coin

On a souvent affaire à du cubisme : Balcons

Mais ce n’est pas forcément toujours le cas : Soldat

La rue est très longue, et en plus de cela, les fresques ne sont pas exclusivement dans cette rue-là, parfois une rue adjacente nous dévoile une nouvelle fresque, et en y allant, on se perd littéralement dans le dédale de ruelles, toutes plus colorées les unes que les autres, et il faut retrouver la voie principale trois rues plus loin, et plusieurs mètres en contrebas ou à remonter (ce qui, ne l’oublions pas, reste un exercice pénible pour nos pauvres pattes).

Après avoir traversé la ville en long et en large, et avoir laissé passer deux fournées de petits vieux venus visiter à la vitesse de l’éclair, on se dit qu’on a du voir le plus gros, et qu’il est temps de rentrer. J’arrive tant bien que mal à me repérer jusque la voiture, en même temps qu’une cloche retentit annonçant 17h30, puis elle se met à sonner pour annoncer autre chose, et on se met à rencontrer de plus en plus de vieilles habillées tout en noir… probablement une procession.

Manque de pot, cette procession a lieu à deux pas de là où j’ai garé la voiture, et si je ne gêne personne, il est bien difficile de s’extraire de cette marée humaine, d’autant plus qu’en repartant, le GPS m’a indiqué un itinéraire très peu commode, et qu’une voiture bloque le passage… Je me vois mal faire un demi-tour dans cette ruelle, remonter une voie à 15%, et passer entre deux bâtiments avec 3 cm de chaque côté de la voiture, je l’ai déjà fait une fois, je peste d’avoir à le refaire. Heureusement, un petit vieux venu chercher sa femme ou sa mère (c’était assez difficile de distinguer) vient et récupère sa voiture avant que j’ai commencé mon demi-tour !

Retour au B&B d’où nous cherchons où aller manger. TripAdvisor (toujours lui) nous donne deux adresses qui ont l’air intéressantes : un restaurant familial où tout est fait maison, jusqu’au vin, et un refuge qui fait restaurant et camping. Le plus près étant le resto familial, on y va. Le chemin est chaotique, très serré, mais on y arrive, pour nous faire rembarrer : ils ne prennent que sur rendez-vous ! Par contre, on en profite pour réserver pour samedi soir, avant notre départ de Dorgali, et on repart pour le refuge.

On a un peu peur en arrivant que ce soit aussi sur rendez-vous, mais en fait, tout est bon, par contre, le choix de plats est très limité… Ce n’est pas grave, on a pas non plus très faim, et ce qui est proposé semble raisonnable (dans la limite de ce que l’on arrive à comprendre avec notre serveuse). Corinne prend un plat de légumes grillés et un spezzatino d’agneau, dont on ne saura pas vraiment ce que c’est avant de rentrer au B&B. De mon côté, j’opte pour le menu… grand mal m’en a pris : je pensais pouvoir choisir parmi plusieurs antipasti et plusieurs premiers plats, mais en fait, j’ai eu droit à la totale, à savoir en plus des légumes grillés de Corinne, un assortiment de pains et tartelettes chaudes au fromage et du jambon cru et du saucisson, avec ricotta à volonté ! Ça c’était pour les apéritifs, ensuite, j’ai eu droit à un plat de pâtes super bonnes, mais j’avais pas super faim, et ensuite, j’ai aussi eu droit au spezzatino d’agneau qui, si j’en crois Google, est un ragoût, avec une sauce divine. En dessert, le traditionnel seadas, mais je n’en peux plus et je passe mon tour. On ne crache tout de même pas sur le petit verre de mirto (myrte) qui aidera (je l’espère) à digérer ce repas gargantuesque.

Encore heureux, le B&B n’est vraiment pas loin, on se pose et on s’endort comme des masses !