Ce matin, on y va tranquillement, encore tous fébriles de la veille… On a quand même le petit déjeuner du B&B… On tape un peu dedans, sans se forcer. On n’est pas dans notre meilleure forme.
On trainasse dans la salle commune du B&B. Aujourd’hui, on s’était prévu un simple voyage jusqu’à Alghero, et on a le temps, il faut à peine 1h30 de trajet pour le rejoindre depuis Milis. On en profite pour écrire un peu et cuver beaucoup. Rafaella finit par nous demander si on souhaite rester un peu plus longtemps, parce qu’elle avait prévu des choses, elle doit accompagner sa nièce chez sa grand-mère…
Ça nous sort de notre torpeur et on décide d’y aller. On plie bagages, on paie, et nous voilà repartis vers Alghero. Il est midi.
On passe par Santu Lussurgiu et on s’y arrête. Le guide du routard indique que la ville est très belle, et qu’elle possède quelques églises… On se perd un peu dans le dédale de ruelles étroites, mais de là à parler de belle ville, il y a un grand pas. Quant aux églises, l’une est fermée, l’autre est sobre, mais peinte toute en rose, c’est très kitsch…
On repart après s’être de nouveau perdus dans les ruelles. Le GPS nous fait passer par les terres, les routes y sont droites et rapide, mais Corinne avait repéré un chemin côtier plus typique, et qui passe par la ville de Bosa, que le guide conseille de visiter : va pour Bosa.
Au détour d’un croisement, on panneau indique un site archéologique, et comme on a un peu de temps, on se dit que pourquoi pas, ça pourrait être intéressant d’aller voir.
Tamuli
Le site s’appelle Tamuli et n’est pas référencé dans le routard. Il contient des tombes en forme de têtes de taureaux, des espèces d’obélisque nommés bétyles, et un village nuragique.
L’audio-guide est en anglais, et les seules informations sur les numéros à utiliser ne sont disponibles qu’à l’entrée du site, donc on les fait un peu tous dans le désordre, c’est dommage, d’autant plus qu’ils ne suivent pas le sens de la visite…
Les tombes sont difficilement discernables, et les panneaux donnant plus d’information, en français notamment, sont une horreur à lire : les mots ne veulent rien dire, les accents sont manquant sur l’un (remplacés par des espaces), c’est un véritable travail d’archéologue rien que de trouver le sens d’une phrase !
Pour le village nuragique, il est petit, mais certaines structures sont toujours intactes, et il est possible de rentrer à l’intérieur pour profiter de la compagnie des chauves-souris. Quand au Nuraghé, il domine la colline, mais il est interdit de s’en approcher…
On repart après avoir eu notre dose de vent, et on reprend la route de Bosa sans grandes difficultés, mis à part peut-être ce passage un peu étrange où le GPS m’indique une route qui n’est plus utilisée, et qui est pourtant parfaitement accessible. Les herbes sauvages bordent l’accès à la route, mais rien ne m’empêche de l’emprunter, ce que je fais. Au début, j’ai juste l’impression que l’entretien devrait être fait dans peu de temps, mais les quelques trous que l’on rencontre de ci de là me font un peu douter quant à l’état général, et je commence à faire un peu plus attention. Au bout d’un bon kilomètre, en plein milieu de la route se trouve un gros trou avec de l’herbe haute, ça me confirme ce qui n’était jusqu’alors que suspicion, et je passe les quatre derniers kilomètres à faire plus attention, sans grand problème. La sortie est aisée et je rejoins la route principale peu avant d’arriver à…
Bosa
C’est une petite bourgade de bord de mer qui a été construite sur l’un des seul fleuve navigable de Sardaigne. Le pont pour passer d’une rive à l’autre est en effet assez long. À l’époque, les tanneurs utilisaient une rive pour leur activité et l’autre pour y habiter, évitant ainsi les odeurs souvent désagréables…
La ville est toute mignonne, et très colorée, surplombée d’un château. On n’a pas trop le courage d’y aller, donc on visite une église (Corinne a les épaules nues, sacrilèèèèèège !), puis on se pose à la terrasse d’une gelateria d’où elle commence à écrire les cartes postales pour tout le monde. Comme nous n’avons qu’un seul stylo pour deux (voyager léger !!), je les complèterai ce soir au B&B.
Le temps passe, et on décide d’y aller si l’on veut profiter un peu de Alghero. Corinne avait repéré un bureau de poste sur le plan, ça peut être intéressant pour y prendre des timbres… Le chemin est plus long qu’on ne se l’imaginait, et arrivés là-bas, on n’est pas dépaysés pour un sou : le même niveau d’incompétence que chez nous !
La machine à tickets est cachée et ne donne de toute façon pas les bons numéros, et la dame au premier guichet semble passer son temps à redémarrer son ordinateur (sous Windows NT) en s’occupant à moitié d’une pauvre femme qui attend… Et c’est elle qu’on nous assigne pour nous délivrer nos 8 timbres, super ! Ça prend un temps fou ! Elle est déjà en train de s’occuper d’une autre cliente, mais ça n’avance pas du tout et quand enfin, on arrive à notre tour, c’est encore plus l’horreur ! Elle pèse une carte, puis sort 7 timbres, son imprimante ne veut pas imprimer, son ordinateur ne veut pas lancer ce qu’il faut, rien ne va, et on n’arrête pas de poireauter…
Elle semble vouloir nous coller le timbre sur la lettre et la poster direct, ça ne me va pas, je n’ai pas encore écrit ma partie. Quand je lui demande de nous la rendre, en français, en anglais, et avec les mains, elle se contente de remuer la tête, du genre : « J’ai pas compris, je comprendrai jamais, je continue ce que je fais… ». Ça m’énerve de plus en plus, et quand je lui dis qu’on veut huit timbres et pas sept, elle tente de m’expliquer que c’est tout ce qu’elle a.
À ce moment, j’ai vraiment l’impression de perdre mon temps, et savoir qu’il faudra en plus re-subir ça dans un autre bureau de poste pour le huitième timbre me donne l’envie de partir sans autre explication, et surtout sans prendre ses timbres, mais elle a notre carte en otage. J’arrive à la récupérer d’une subtile désarticulation de la main pour la passer sous la fenêtre du guichet, et je m’apprête à partir sans payer et sans prendre ses maudits timbres, mais ma chérie est plus raisonnable et paie quand même.
Quand on ressort, j’ai quand même l’impression d’avoir validé le comportement jemenfoutiste de cette employée et de l’administration des postes italiennes, et je suis sûr qu’il faudra encore être confrontés à la même incompétence pour notre huitième et ultime timbre…
On rentre à la voiture et on part pour Alghero, qui est une ville intéressante de Sardaigne car elle a été conquise par la Catalogne il y a quelques temps, et c’est un héritage qui leur est resté, et dont ils sont fiers : une bonne partie de la ville parle catalan, et les noms des rues sont dans les deux langues, catalan et italien.
La route est une route typique de la côte nord : sinueuse et en bord de mer. On rate quelques beaux panoramas, mais on en prend aussi quelques magnifiques avant d’atteindre…
Alghero
L’adresse du B&B ne semble pas être connue du GPS, la via Costa Brava n’existe pas pour lui, par contre, il connaît la rue Ernest Costa, va pour cette rue. Jusqu’à maintenant, j’utilisais le centre d’Alghero pour calculer les trajets et les distances, c’était bien suffisant (et les villes sardes sont tout de même relativement petites face aux villes françaises).
Arrivés chez ce bon Ernest, aucune trace d’un quelconque B&B, Costa Brava et Ernest Costa ne sont donc pas les mêmes… comme c’est étrange… En fouillant un peu les applications de Booking puis TripAdvisor, je tombe sur des coordonnées GPS que je rentre dans mon application qui me répond qu’à cette adresse, la seule rue qui existe, c’est la ruelle 1 de la rue machin, mais en vrai, c’est la bonne rue, et elle n’est pas bien loin. Le sens des rues à changé aussi, mais on finit par s’en sortir, et on voit enfin le nom du B&B dans une entrée de parking où l’on se gare.
La gérante, Gabriella, nous accueille et nous dit que les places sont privées et que celle qu’on a utilisée appartient à quelqu’un d’assez grognon. Je déplace la voiture juste le temps de sortir les bagages, de signer les papiers d’entrée, et de les installer dans la chambre, avant de ressortir pour cherche une place. Je pensais devoir tourner dans tout le quartier, mais pratiquement au bout de la rue, une place est disponible, une chance !
On retourne à la chambre pour se poser, décompresser un peu, écrire du journal et des cartes postales et choisir quoi et où manger. Notre choix se porte sur le restaurant Marcopolo dans le centre historique. Il a de bonnes critiques sur TripAdvisor, et tout le monde semble recommander son risotto de fruits de mer. Il y avait un autre restaurant avec près de 1000 avis, alors que la moyenne tourne autour de 50, et depuis qu’on a discuté avec les gérants de l’auberge Su Barroccu, on se méfie un peu : trop d’avis peut vouloir dire qu’ils ont payé pour les avoir… D’autant plus que le seul intérêt que tout le monde remonte, c’est le coucher de soleil sur sa terrasse, et il est 21 h passé, donc plus pour nous…
Le Marcopolo est aussi un peu à l’écart des gros restaurants sur les grosses places et le bord de mer, ça permet d’éviter un peu la foule que l’on croise en y allant. Les magasins pour touristes sont encore ouvert passé 22 h, c’est fou !
Quand on arrive, on part direct sur le risotto. Le serveur nous conseille d’abord une grande bouteille de blanc pour aller avec, mais on sait qu’on ne sera pas capable de la finir, heureusement, ils ont aussi des demi-bouteilles.
On attend un peu, le vin arrive et on commence à en boire, en se rappelant que l’on n’a rien mangé ce midi : ventre vide et alcool, la combinaison qu’il faut ! Heureusement, le pain est là pour remplir un peu, avec notamment des tranches de pain frites et salées. Ça ressemble à du pain perdu sans le sucre, et c’est très bon (et très gras).
Le risotto finit par arriver, et on se régale. On n’en mange pas tous les jours, donc on ne peut pas dire s’il est le meilleur d’Italie ou s’il a été fait avec les pieds, mais il nous plait et c’est l’essentiel.
On pensait se prendre un dessert en plus, mais ce serait plus de la gourmandise qu’autre chose, donc on passe notre tour. Par contre, on ne refuse pas le petit verre de mirto qu’on nous propose. On paie et on part pour une visite du centre d’Alghero de nuit. On se perd dans ses petites ruelles qui, malgré le fait qu’il soit déjà 23 h, ont la plupart de leurs commerces tous ouverts.
Il y a du vent sur le bord de mer, mais la promenade est jolie, même si le panorama est réduit, la nuit étant tombée depuis quelques heures maintenant. On fait un tour, puis on se met à chercher une boîte aux lettres. Le routard en indique une sur une place de la vielle ville, et ils ont l’air de dire que c’est la seule… Il faut croire qu’il n’y en a plus du tout dans la vieille ville, vu que l’on a beau tourner et tourner, nous ne trouverons aucune boîte aux lettres, pas plus ici que dans le reste des petites rues du bord de mer.
On tourne encore un peu puis on rentre au B&B,et sur le chemin, on croise une magnifique boîte aux lettres où l’on y poste nos 7 cartes timbrées. Cette année, on a pris toutes les précautions possibles : timbres collés, adresses renseignées, boîte aux lettres plutôt que hall d’hôtel : vous devriez les recevoir… un jour, mais vu la puissance des services postaux italiens, on a préféré prendre des photos et des vidéos pour pouvoir vous prouver que ces cartes ne sont pas un mythe ! Si vous n’avez rien reçu, c’est peut-être aussi qu’on ne vous apprécie pas, il faudra que vous vous fassiez votre propre idée…
Toujours est-il que cette formalité étant désormais réglée, nous pouvons rentrer nous reposer dans notre chambre en toute tranquillité. On passe quand même s’enquérir de l’état de la voiture, qui est toujours là, en bon état et sans contravention : on ne sait jamais, une mauvaise interprétation des signes cabalistiques de la politique de stationnement d’une ville est toujours possible.
On rentre dans notre chambre pour de bon, et au dodo !