Dernière journée vraiment sur la route aujourd’hui. On peut rendre l’appartement à 11 h, donc on ne se gêne pas. On traîne, on écrit un peu de journal puis on range, on nettoie ce qu’il reste et on sort, direction la plage !
Mais pas n’importe quelle plage ! Isola Rossa est un coin un peu particulier, et on l’a choisi justement pour ça : la roche autour est du porphyre rouge. Déjà en y arrivant, les couleurs ocres, rouges et roses des maisons comme de la terre nous avaient frappées, et la modeste plage du village montrait déjà ces couleurs, mais nous souhaitions partir en voir une autre.
Corinne avait repéré une (toute petite) randonnée pour atteindre une plage de Costa Paradiso, nommée spiaggia Li Cossi, et où l’on est entouré de porphyre, et Costa Paradiso n’est pas bien loin. En y arrivant, on entre dans une sorte de Disneyland pour vieux : barrières à l’entrée avec vigiles, et gigantesque lotissement de maisons toutes semblables le long d’une côte escarpée. Il semble presque que chaque bloc rocheux a été colonisé par des maisons jusque très haut sur les sommets.
Un parking se trouve près du début de la « randonnée », mais il est rempli, ou pas loin. On en avise un autre, un peu plus loin, qui nous fait faire une belle marche parmi les petites maisons de campagnes, dont beaucoup sont encore inoccupées. Chacune de ces maisonnettes a son ou ses emplacements parcheggio privato que l’on évite scrupuleusement, même si en ce début de saison, ça ne doit pas craindre grand chose.
On revient jusqu’au premier parking, à pied cette fois, et on s’engage sur le petit chemin qui va vers la plage. Cela dure pendant un bon kilomètre où l’on est à flanc de rochers, avec la mer en bas qui se déchaîne sur le porphyre. C’est très beau, mais peu engageant, et on se dit qu’on doit être mal tombé, malgré le nombre de personnes que l’on croise dans un sens ou dans l’autre.
Et puis, au détour d’un monticule, la plage de Li Cossi s’offre à nous, et pour sûr, je ne m’attendais pas du tout à cela : en descendant une volée de marches, on arrive sur une petite langue de sable caillouteux avec d’un côté la mer, toute tranquille du fait d’une crique qui brise les vagues les plus importantes, et de l’autre une rivière qui ne fait que lécher la bande de sable, sûrement pour passer en dessous, et on ne la voit pas se déverser directement dans la mer. De tous côtés, les collines très hautes forment un cadre féerique.
Évidemment, la petite plage est bien remplie, il fallait s’en douter… Après tout, on est dimanche et il fait très beau. Ça ne nous décourage pas du tout, on arrive à se dégoter un coin de sable pour y poser notre serviette, et à l’eau !
Elle est bonne ! Il fait chaud et elle est fraîche juste comme il faut. Cette fois-ci en tous cas, on ne frémit pas et on y entre sans problèmes. L’absence de vagues aide aussi beaucoup à ne pas vouloir en sortir tout de suite et on se fait quelques petites brassées avant d’aller griller au soleil.
Quand je dis griller, c’est à son sens littéral : on s’est rendus compte un peu tard que l’on avait oublié la crème solaire. Tant pis, la voiture est quand même trop loin pour faire un retour rapide aux stands ; on sèche quelques temps au soleil et on repart à l’eau quand on commence à sentir le brûlé.
Le deuxième jeté à l’eau est plus difficile, il fait plus chaud dehors, et la différence de température se fait plus sentir, mais on finit par y être complètement, et on y est bien. Cette fois, on fait une bonne longueur de plage, et à la fin, je grimpe un rocher (le porphyre, c’est super simple à escalader, il y a des prises partout !), je contemple un peu la plage d’en haut avant de me jeter. La chute n’est pas importante, mais le petit frisson est bel et bien là, et la petite tasse derrière me fait sortir bien vite de l’eau. J’ai eu droit au décrassage total, je me vide le nez, mais j’ai plus de mal avec les oreilles (comme d’habitude), j’espère que je n’aurai rien…
On recommence notre petit séchage au soleil, mais la troisième baignade nous achève, elle est vraiment trop froide et on ose même plus aller plus loin que le haut des cuisses. On remballe nos affaires et on retourne sur nos pas pour la voiture, direction Olbia !
Nous avions réservé une chambre dans le même B&B qu’à l’aller, donc on sait déjà tout : comment y aller, où se garer, quoi faire à Olbia. Le gérant avait contacté Corinne le jour d’avant pour savoir à quelle heure on comptait arriver, et comme on ne savait pas trop, on avait répondu le standard « 20 h » mais nous y voilà à même pas 16 h. Ce n’est pas grave, on l’appelle et il arrive peu de temps après. On s’installe dans une autre chambre que la première, un peu plus petite mais globalement identique. Une bonne douche pour enlever le sel et constater qu’on est quand même bien rouges, et on se pose.
Pendant que l’on complète nos journaux avec la fenêtre ouverte, on entend le passage à niveau juste en bas de la rue s’activer, c’est la première fois qu’on constate ça, deux semaines avant, on n’avait rien vu. Les barrières sont baissées, ça dure très longtemps et les voitures s’entassent, et toujours pas de train à l’horizon. Les piétons eux ne se gênent pas, et ça commence à klaxonner quand on voit passer un train ridicule, avec un wagon qui tire et un autre qui pousse, et rien d’autre : la montagne qui a accouché d’une souris !
J’en profite aussi pour réserver via Internet à 20 h à l’Officina del Gusto où on n’avait pas été déçus la fois dernière. 20 h arrive lentement, nos estomacs gargouillent comme pas possible, et finalement, on y va ! Je ne sais pas trop si c’était la peine de réserver : la placette est déserte et les serveurs nous trouvent facilement une table, mais ça se remplit rapidement après nous…
Corinne commande un millefeuille au prosciutto, champignons et bleu en antipasti, comme la fois dernière, et le filet de poisson, qui doit être une dorade. Je prends des gnocchetto (petits gnocchi) à l’aubergine et au pecorino comme entrée/primi piati, suivi par un filet de poulpe aux épinards et chips maisons. Le petit vermentino Ala Blanca que l’on nous avait conseillé et qui n’a rien perdu de sa finesse et de son goût, et nous sommes heureux.
Au dessert, on finit par un trio de desserts pour Coco, qui consiste en une petite poire au cannonau, un nougat glacé et un moka au chocolat, et je me contente d’un grand nougat glacé. Évidemment, le petit verre de mirto nous est proposé, et on ne va pas refuser, ce serait malpoli ! (ben voyons…)
Quand on ressort, on est bien, et on part faire un petit tour de la ville que nous n’avions pas fait à notre arrivée. Après s’être avancés dans les petites rues du centre, on rejoint une artère plus touristique et animée bordée de bars et de petits stands vendant toutes sortes de babioles pour touristes. Voilà un coin d’Olbia que nous ne connaissions pas et qui la rend un peu plus chaleureuse que le croisement avec la voie de chemin de fer que nous avons sous les fenêtres du B&B…
Le retour se fait tranquillement, au début, mais le mélange vin/mirto se met à faire entendre sa voix jusque dans mes intestins… Je force le pas, à la limite de la course, pour arriver au B&B et me soulager. Ça fait du bien !
On se couche peu de temps après, on est crevés, et demain, on part… :-(